Les masques étaient pourris

En septembre 2018, un rapport est remis sur l’état du stock de masques géré par l’État. Le résultat est calamiteux.
Voici un extrait du rapport de la commission d’enquête de l’Assemblée Nationale (page 36).

Alors que le stock de masques chirurgicaux s’élevait à un milliard d’unités avant le début de la pandémie de grippe H1N1, il s’est stabilisé entre 730 et 760 millions d’unités jusqu’en 2018, avant de chuter brutalement autour de 100 millions d’unités disponibles et utilisables (hors masques périmés et non conformes) en 2019 et 2020.

En effet, une grande partie des masques commandés dans les années 2003 à 2005 n’affichaient pas de date de péremption, celle-ci n’ayant été rendue obligatoire que par une modification de norme européenne intervenue en 2014.

C’est pourquoi, dans un courrier du 19 avril 2017, le directeur général de la santé, Benoît Vallet, demande au directeur général de Santé publique France qu’une évaluation de la qualité des masques sans date de péremption (soit 613 millions de masques sur les 713 millions de masques adultes que compte alors le stock national) soit réalisée « afin d’évaluer, en sus de leur efficacité, leur adaptation aux normes chirurgicales et de tester la qualité de leurs élastiques ».

Cette évaluation, menée par le cabinet belge Centexbel, révèle en septembre 2018 que la majorité des masques des lots analysés (références représentant 78 % du total des masques concernés) s’avèrent défectueux par rapport aux exigences prévues par la nouvelle norme EN14683, certains en raison d’échec aux tests de respirabilité, d’autres en raison d’échec aux tests de filtration bactérienne.

En conséquence, dans un courrier du 3 octobre 2018, le directeur général de Santé publique France, M. François Bourdillon, recommande au directeur général de la santé, qui a succédé à M. Vallet, M. Jérôme Salomon, la destruction de l’ensemble des lots acquis dans les années 2000 et ne présentant pas de date de péremption (y compris ceux non analysés), soit 613 millions de masques chirurgicaux adultes, portant le stock utilisable à 99 millions. Ces destructions débutent en 2018 (19,6 millions de masques détruits) et se poursuivent en 2019 (232,9 millions de masques détruits).

362 millions de masques restaient à détruire au début de l’année 2020. Cette valeur élevée s’explique par l’interruption de la campagne de destruction en septembre, en raison de l’incendie de l’usine Lubrizol, proche duquel se situe le site d’incinération, ce qui a finalement permis qu’une partie de ces masques soit réutilisée en masques non sanitaires …