Chronologie du début de pandémie

On ne peut pas comprendre la pandémie, et juger les acteurs, sans reprendre la chronologie en France et dans le monde de ce qui s’est passé dans les premiers mois.

Voici la chronologie que j’ai pu reconstituer, notamment à partir des témoignages lors des auditions du Sénat durant le deuxième semestre 2020.

  • 31 décembre : l’OMS est informée d’une épidémie en Chine
  • 2 janvier le Corruss (centre opérationnel de régulation et de réponse aux urgences sanitaires et sociales) du ministère de la Santé commence une veille (activation du niveau 1)
  • 7 janvier : la Chine identifie le virus
  • 8 janvier : une quarantaine de cas à Wuhan et aucun mort
  • 9 janvier : 59 malades identifiés à Wuhan
  • 10 janvier : la Chine publie la séquence du génome
  • 10 janvier : le ministère de la santé envoie aux ARS et aux sociétés des fiches de conduite à tenir
  • 10 janvier : L’OMS affirme qu’il n’y a pas de transmission interhumaine du virus
  • 13 janvier : premier cas détecté hors de Chine
  • 11 janvier : premier mort en Chine, en Thaïlande, un homme qui s’était rendu au marché aux poissons de Wuhan ; il est toujours question d’une zoonose transmise par un animal
  • 14 janvier : Le ministère de la santé diffuse le premier message d’alerte sanitaire aux établissements de santé et médico-sociaux, ainsi qu’un signal « DGS-urgent » à plus de 800 000 professionnels de santé libéraux
  • le premier bulletin de situation de l’OMS n’évoque aucun risque épidémique particulier dans l’Union européenne
  • 21 janvier : 280 cas, 6 décès, 4 cas exportés hors de Chine
  • 21 janvier : le stock de masques est composé de 33 millions de masques chirurgicaux pédiatriques et 65,9 millions de masques chirurgicaux pour adulte ; et avant la fin du mois de février 10,6 millions de masques pédiatriques et 54,6 millions de masques pour adulte doivent être reçus – ce sont les commandes d’octobre 2018, passées seulement en juillet 2019 ;
    on apprendra plus tard que Santé publique France ignore qu’il reste en stock 500 millions de masques qui n’ont pas été détruits mais tous ne pourront être utilisés par les soignants
    l’Organisation mondiale de la santé (OMS) confirme une transmission interhumaine
  • 22 janvier : le comité d’urgence de l’OMS décide de ne pas déclencher une urgence de santé publique de portée internationale (USPPI)
  • 22 janvier : le Corruss passe au niveau 2
  • 22 janvier : réunion inter-directions au ministère de la Santé pour les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad).
  • 23 janvier : confinement à Wuhan et dans trois grandes villes du Hubei
  • le comité d’urgence de l’OMS décide de nouveau de ne pas déclarer l’USPPI. Il passe, en revanche, le risque épidémique de « normal » à « modéré », et cela concerne la Chine.
  • 23 janvier : le bulletin de situation de l’OMS fait état de 581 cas en Chine et de 17 morts au total
  • 23 janvier : information des voyageurs aux aéroports et ouverture du centre de crise du ministère de l’Europe et des affaires étrangères (MEAE), mise en place d’une foire aux questions pour le grand public
  • 23 janvier : La DGS reçoit le premier point de Santé publique France sur l’évaluation des stocks, selon lequel nous avons 100 millions de masques
  • 24 janvier 2020 : en France, les trois premiers cas à partir de la découverte de la maladie sont officiellement recensés. Il s’agit d’un Français d’origine chinoise et de deux touristes chinois ayant séjourné à Wuhan, foyer d’origine du virus en Chine centrale. Ces trois personnes sont également les premiers cas annoncés en Europe.
  • 24 janvier : Agnès Buzyn déclare que le virus avait très peu de risque d’arriver en France
  • 24 janvier : la DGS dispose de 33 millions de masques chirurgicaux pédiatriques et 66 millions de masques chirurgicaux adultes ; 10 millions de masques pédiatriques et 54 millions de masques adultes doivent être reçus en février
  • 24 janvier : la Chine ferme Wuhan
  • 24 janvier : message DGS urgent aux professionnels libéraux pour les aider à détecter les cas et leur donner la conduite à tenir
  • 25 janvier : un peu plus de 1 000 cas en Chine et 41 décès
  • mise en place du suivi des cas contacts et l’information à l’arrivée depuis la Chine dans les aéroports français
  • 25 janvier : l’ECDC (Centre européen de prévention et de contrôle des maladies) félicite la France pour ses capacités de détection
  • 25 janvier : mobilisation de la réserve sanitaire pour organiser l’accueil dans les aéroports
  • 26 janvier : réunion interministérielle (RIM) organisée pour confier la conduite interministérielle de la crise au ministère de la santé
  • 26 janvier : l’ECDC dit que la probabilité d’importer de nouveaux cas dans l’Union européenne est modérée et que la probabilité qu’un cas détecté dans l’UE entraîne des cas secondaires dans l’UE était faible.
  • 27 janvier : le centre de crise sanitaire (Corruss ) passe au niveau 3
  • 27 janvier : le test RT-PCR est fonctionnel et commence à être déployé dans les hôpitaux
  • quatrième message aux ARS pour leur demander d’anticiper, via des remontées d’informations, les stocks de matériels – respirateurs, équipements de protection – pour les prises en charge possibles et pour éviter les ruptures
  • 28 janvier : le SGDSN (Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale) informe qu’une grande majorité des équipements de protection sont produits en Chine et que beaucoup de matières premières viennent de Wuhan, où se fait la production des masques.
  • semaine du 28 janvier : les stocks des hôpitaux sont très hétérogènes, non seulement pour les masques, mais aussi pour les gants et les autres équipements. Certains hôpitaux se sont très bien préparés à une crise d’ampleur, d’autres pas
  • 29 janvier passage au stade 2 de l’épidémie
  • 29 janvier : première réunion au SGDSN sur les plans de continuité d’activité
  • 29 janvier : nous commençons à saisir que les patients sont asymptomatiques, mais contagieux
  • 30 janvier : L’OMS déclare l’USPPI – recommandations suivantes, qui s’adressent à tous les pays : « On peut s’attendre dans n’importe quel pays à l’apparition de nouveaux cas exportés de Chine. Par conséquent, tous les pays doivent être prêts à prendre des mesures pour endiguer l’épidémie, notamment par une surveillance active, une détection précoce des cas, l’isolement et la prise en charge des cas, la recherche de cas contacts. »
  • 30 janvier : commande de masques FFP2 et de surblouses pour équiper le personnel en première ligne
  • 30 janvier : quatrième message aux professionnels libéraux, et cinquième message aux ARS
  • 30 janvier : deux touristes chinois sont testés positifs 2 à Rome.
  • 31 janvier : rapatriement des 180 Français de Wuhan
  • 31 janvier : la ministre de la Santé demande à la DGS un calendrier de déploiement des tests et veut qu’il soit mis en œuvre très rapidement
  • 31 janvier : mise en place d’un numéro vert pour tous les Français qui le souhaitent et qui sont inquiets, de façon à décharger les centres 15 ; sixième message aux ARS
  • 31 janvier : en Chine 213 décès et 9 000 cas
  • 1er février : confirmation par la DGS que la PCR sera présente dans tous les établissements de santé de référence lors de la première semaine de février
  • 2 février : 146 cas exportés hors de Chine, mais toujours aucun cas de transmission interhumaine ou de chaîne de transmission ou de foyer épidémique rapporté hors de Chine
  • le SGDSN fait un état des lieux sur les stocks et la doctrine sur les masques. Il rappelle qu’il n’y a pas de lieu de porter de masques en population générale, et que les masques sont de la responsabilité des employeurs
  • 3 février : premier décès hors de Chine ; plus de 100 millions de personnes sont confinés, quasiment toute la région de Hubei
  • 4 février : conférence téléphonique de la ministre de la Santé avec tous les directeurs généraux d’ARS ; envoi du quatrième message d’alerte aux établissements
  • 4 février : L’OMS demande à tous les pays de ne pas imposer de restrictions qui interféreraient de façon non nécessaire ; il demande de ne pas fermer les frontières et de ne pas arrêter les vols, car ces restrictions auraient pour effet d’augmenter la peur et la stigmatisation, avec peu d’efficacité en termes de bénéfice pour le public.
  • 5 février : septième message aux ARS afin de leur demander d’organiser les services d’urgence et de constituer des stocks de masques chirurgicaux pour les contacts des malades identifiés ; envoi d’un cinquième message DGS urgent aux professionnels libéraux.
  • 6 février : 90 tests par jour sur des cas suspects
  • 6 février : le ministère de la Santé demande l’achat de 29 millions de masques FFP2 pour les secteurs hospitaliers, les Ehpad et le secteur libéral ; demande aux usines françaises d’ouvrir de nouvelles lignes de production. Une réunion a lieu au ministère avec les représentants de toutes les professions de santé
  • 7 février : premier cluster détecté à la station de ski des Contamines-Montjoie, cinq cas de personnes infectées
  • 7 février : la ministre de la Santé demande à Santé publique France de constituer un stock d’État de masques, gants, charlottes, lunettes, surchaussures et de solution hydroalcoolique
  • 7 février : la ministre de la Santé donne son accord pour qu’on distribue des kits comprenant des masques aux professionnels libéraux et pour la délivrance aux établissements de santé et aux Ehpad d’un stock d’amorce de masques pour couvrir les besoins d’un mois.
  • 7 février : l’institut Pasteur transmet aux établissements de santé de référence les kits de diagnostic, le protocole d’utilisation et les témoins positifs pour qu’ils puissent réaliser les tests ; Le 14 février, il transmet ces éléments aux hôpitaux de seconde ligne
  • 8 février : quatrième réunion des ministres à Matignon autour du Premier ministre à la suite de l’apparition d’un cluster en Haute-Savoie ; décision d’appliquer des mesures de fixation de ce premier foyer infectieux qui sont dans le plan Pandémie grippale, comme la fermeture d’établissements scolaires
  • 10 février : réunion inter ministérielle pour faire le point sur l’état de la recherche sur ce nouveau virus ; personne ne sait combien de temps le virus reste sur le bois, le métal, le papier…
  • 11 février : huitième message aux ARS
  • 13 février : Mme Buzyn demande une vision globale des stocks nationaux dans les secteurs privé et public, dans les officines, chez les grossistes répartiteurs en solution hydroalcoolique, équipements de protection individuelle, respirateurs, machines de circulation extracorporelle, litres d’oxygène, saturomètres et télémédecine et envoie un courrier de mobilisation maximale à tous les directeurs généraux d’ARS
  • 14 février : date du premier décès en France ; 44 cas dans l’Union européenne et au Royaume-Uni, tous en lien avec Wuhan
  • 14 février : activation du plan pour l’organisation de la réponse du système de santé en situations sanitaires exceptionnelles, dit plan Orsan REB, équivalent du plan Orsec dans le champ de la santé
  • 15 février : remplacement d’Agnès Buzyn par Olivier Véran ; Il n’y a aucune épidémie hors de Chine, dans aucun pays. L’Europe compte 44 cas, tous importés du Wuhan. La France compte 12 cas, dont le dernier date de 9 jours. Nous sommes toujours au stade 1 de l’épidémie. Le premier cas français dans l’Oise est survenu le 25 ou le 26 février, c’est-à-dire 10 jours après le départ d’Agnès Buzyn. Durant 18 ou 19 jours, il n’y a eu aucun nouveau cas. La pandémie a été déclarée par l’OMS le 11 mars, c’est-à-dire près d’un mois après son départ.
  • Le 17 février 2020, au total, douze cas sont confirmés en France
  • rassemblement évangélique à Mulhouse de plus de 2000 personnes
  • 19 février, organisation de la task force interministérielle auprès du centre de crise sanitaire animé par le DGS
  • 20 février : apparition du premier cas en Italie
  • 21 février : premières réunions sur le champ économique de la crise, avec les premières réflexions sur les aides à mettre en place
  • 21 février : un groupe de cas de Covid-19 est détecté en Italie, à commencer par 16 cas confirmés en Lombardie
  • 22 février : 60 autres cas le et les premiers décès en Italie
  • 25 février 2020 : premier décès lié à la covid-19, d’un enseignant au collège Jean-de-La-Fontaine à Crépy-en-Valois
  • 25 février 2020 : cluster déclaré dans la base de Creil ; 16 malades sont identifiés entre le 26 février et le 3 mars;
    match entre l’Olympique lyonnais et la Juventus de Turin
  • 26 février : diffusion du guide d’aide à la décision stratégique, qui a été une forme d’extraction du plan Pandémie grippale adaptée à l’épidémie
  • 28 février : 21 décès et 888 cas confirmés en Italie
  • 29 février : 100 personnes atteintes du virus et 2 en sont mortes. Le principal foyer de contamination se trouve dans l’Oise avec 36 cas.
  • 29 février : passage en stade 2, et premier conseil de défense et de sécurité nationale. Les rassemblements de plus de 100 000 personnes sont interdits – cette interdiction étant l’une des mesures prévues par le plan Pandémie grippale.
  • 3 mars : décision de réquisitionner les masques et les moyens de production de masques français
  • 6 mars : six clusters sont détectés en France dans l’Oise, la Haute-Savoie, le Morbihan, le Grand-Est, le Val-d’Oise et à Ajaccio
  • 7 mars : annulation d’un match de foot à Strasbourg
  • 8 mars : quatre régions du nord de l’Italie, la Lombardie, la Vénétie, le Piémont et l’Émilie-Romagne sont placées en quarantaine
  • 9 mars : en Italie, le nombre de personnes testées positives à la maladie s’élève à 9 172, avec 463 morts, dont 333 morts en Lombardie
  • 10 mars : début des travaux du conseil scientifique
  • 10 mars : toute l’Italie est placée en confinement
  • Le conseil scientifique a commencé à fonctionner de manière relativement informelle, avant de voir son existence consacrée par la loi du 23 mars sur l’état d’urgence sanitaire
  • 16 mars : le directeur général de l’OMS invite à tester massivement
  • 17 mars : activation de la cellule interministérielle de crise (CIC)
  • 17 mars : premier confinement en France
  • 30 mars : le directeur exécutif de l’OMS déclare : il n’y a pas de preuve suggérant que le port du masque par l’ensemble de la population aurait un effet bénéfique
  • 2 avril : le port obligatoire d’un masque « grand public » ou « alternatif » est recommandé par l’Académie nationale de médecine
  • Avril 2020 : création du consortium Obépine
  • 11 mai : levée du premier confinement en France
  • 5 juin : l’Oms déclare un intérêt pour le port du masque en population générale